
Le risque incendie constitue l’une des menaces les plus graves pour la sécurité des personnes et des biens dans un bâtiment. Les conséquences d’un incendie peuvent être dramatiques : pertes humaines, destructions matérielles, impacts financiers considérables, voire cessation d’activité pour une entreprise. Dès lors, la prévention et la lutte contre la propagation du feu revêtent une importance capitale. Parmi les mesures de protection les plus efficaces, le compartimentage incendie se positionne comme un élément clé.
Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon complet du compartimentage incendie. Nous allons définir cette notion, détailler ses principes et ses objectifs, présenter les différentes solutions techniques disponibles, expliquer les obligations légales et les responsabilités en jeu, et enfin aborder la question de la maintenance. L’objectif est de vous offrir une vision claire, professionnelle et détaillée de ce qu’est le compartimentage afin que vous puissiez prendre des décisions éclairées pour votre bâtiment.
Table des matières
1. Pourquoi le compartimentage est-il essentiel ?
Un incendie peut se déclarer de multiples manières : dysfonctionnement électrique, imprudence (bougie, cigarette mal éteinte), problème de maintenance d’équipements, etc. Quelle que soit l’origine, la propagation rapide des flammes et des fumées constitue le principal danger. Il faut donc s’assurer de contenir le feu le plus rapidement possible dans un espace délimité, pour permettre l’évacuation, la mise en sécurité des occupants et l’intervention des secours dans de bonnes conditions.
Le compartimentage se définit comme un ensemble de barrières physiques (murs, portes, plafonds, planchers, rideaux, clapets, etc.) visant à isoler des zones spécifiques d’un bâtiment pour limiter la propagation de l’incendie (flammes, chaleur, fumées). C’est un système essentiel, souvent complété par d’autres équipements de sécurité incendie (détecteurs de fumée, extincteurs, RIA, sprinklers, etc.).
2. Définition du compartimentage dans la prévention incendie
Le compartimentage est un procédé de construction et d’aménagement intérieur qui vise à segmenter un bâtiment en plusieurs compartiments coupe-feu. Un compartiment est une zone délimitée par des éléments (murs, planchers, portes, etc.) ayant une résistance au feu validée par des tests (par exemple EI 30, EI 60, EI 120, etc., selon la durée de résistance attendue en minutes).
Concrètement, chaque compartiment est censé résister à la chaleur et à la fumée pendant une durée déterminée, ce qui permet de :
- Ralentir la propagation de l’incendie d’une zone à l’autre ;
- Faciliter l’évacuation des occupants ;
- Favoriser l’intervention des sapeurs-pompiers dans des conditions plus sûres ;
- Limiter les dégâts au sein de l’édifice et protéger les autres compartiments.
La clé d’un compartimentage efficace est la continuité de la barrière coupe-feu : un mur ou un plafond coupe-feu doit conserver cette propriété sur toute sa surface, sans point de faiblesse. Cela implique de bien traiter les jonctions, les passages de gaines, de câbles, de tuyauteries, etc. De même, si l’on intègre une porte coupe-feu dans ce mur, elle doit présenter la même performance coupe-feu que le mur dans lequel elle est installée, et rester fermée ou se fermer automatiquement en cas d’alerte.
3. Principes et objectifs du compartimentage
3.1 Limiter la propagation des flammes et des fumées
Le premier objectif du compartimentage est d’éviter qu’un incendie déclaré dans une zone ne se propage à l’ensemble du bâtiment. Les flammes et les fumées sont redoutables : elles peuvent se déplacer très rapidement et rendre l’évacuation impossible si elles ne sont pas contenues. Grâce à une barrière coupe-feu continue, on limite considérablement ce risque.
3.2 Assurer la protection des personnes
En sécurité incendie, la priorité absolue est de préserver la vie humaine. La segmentation du bâtiment en plusieurs espaces étanches au feu donne aux occupants le temps d’évacuer ou de se mettre en sécurité dans des zones protégées, voire de gagner un espace d’attente sécurisé (dans les établissements recevant du public, par exemple).
3.3 Préserver les biens et l’activité
Un incendie non contenu peut entraîner la destruction totale d’un bâtiment et de son contenu. Pour une entreprise, c’est un enjeu majeur : machines, stocks, documents administratifs… Autant de biens pouvant être détruits en quelques minutes. Le compartimentage, en isolant le sinistre, réduit le risque de pertes matérielles et permet potentiellement de sauver une partie de l’activité.
3.4 Faciliter l’intervention des secours
Les pompiers, pour intervenir efficacement, ont besoin de zones “stables” où le feu ne s’est pas (encore) propagé. Le compartimentage leur permet de circonscrire plus aisément l’incendie et de progresser dans le bâtiment en toute sécurité.
3.5 Conformité réglementaire
Enfin, dans de nombreux cas (bureaux, industries, lieux recevant du public, immeubles d’habitation collective…), le compartimentage est imposé par la loi. Outre l’aspect sécuritaire, ne pas respecter ces obligations peut exposer le propriétaire ou l’exploitant à des sanctions, et remettre en cause la validité de certaines assurances.
4. Les solutions techniques de compartimentage
Le compartimentage repose sur la mise en place d’éléments coupe-feu, dont la résistance (en minutes) est spécifiquement étudiée et testée. Les principaux éléments sont :
4.1 Cloisons et murs coupe-feu
- Murs/parois coupe-feu : Généralement réalisés en briques, béton, plaques de plâtre spéciales ou autres matériaux résistants. Ils doivent être continus du plancher au plafond et sans rupture.
- Cloisons légères coupe-feu : Dans certains bureaux ou locaux techniques, des cloisons spéciales peuvent être installées. Elles intègrent parfois de la laine minérale, du plâtre ignifugé ou d’autres composants résistants au feu.
4.2 Portes coupe-feu
- Portes battantes : Elles s’intègrent dans un mur coupe-feu. Elles doivent disposer d’un système de fermeture automatique (ferme-porte) et posséder un classement EI (étanchéité et isolation thermique) ou EW (étanchéité et rayonnement limité) pour la durée requise (30, 60, 90 minutes, etc.).
- Portes coulissantes : Utilisées dans des sites industriels ou de grands volumes, elles se ferment automatiquement en cas d’alarme, assurant la même performance coupe-feu que les portes battantes.
4.3 Rideaux et volets coupe-feu
- Rideaux coupe-feu : Souvent en textile technique résistant à de hautes températures. Ces rideaux, enroulés en partie supérieure, descendent automatiquement lors d’un déclenchement incendie.
- Volets coupe-feu : Destinés à fermer des baies ou fenêtres pour éviter la propagation des flammes d’un local à l’autre.
4.4 Trappes et clapets coupe-feu
- Clapets coupe-feu : Intégrés dans les conduits de ventilation ou de climatisation, ils se ferment lorsque la température atteint un certain seuil ou sur ordre de la centrale incendie, stoppant la circulation des fumées et des flammes.
- Trappes d’accès : Certains faux plafonds ou gaines techniques doivent comporter des trappes coupe-feu, permettant d’accéder aux installations tout en préservant la barrière de compartimentage.
4.5 Autres éléments (joints, calfeutrements)
- Calfeutrements coupe-feu : Chaque passage de tuyauterie, câblage électrique ou gaine doit être scellé avec des matériaux résistants au feu (mousse, mastics, colliers coupe-feu).
- Joints d’étanchéité : Dans les portes, les vitrages ou les parois vitrées coupe-feu, on retrouve souvent des joints intumescents qui gonflent sous l’effet de la chaleur, assurant une étanchéité parfaite.

5. Le cadre légal et réglementaire
5.1 Réglementation pour les ERP
Les établissements recevant du public (commerces, restaurants, hôtels, salles de spectacle, etc.) doivent se conformer au Règlement de sécurité contre les risques d’incendie et de panique dans les ERP. Celui-ci définit :
- La résistance au feu minimale des murs, planchers et portes ;
- Les distances maximales à parcourir pour rejoindre une issue de secours ;
- Les obligations de compartimenter certains volumes, notamment les parkings, les circulations, les locaux à risques spéciaux (chaufferies, cuisines, etc.).
5.2 Code de la construction et de l’habitation
Pour les immeubles d’habitation, le Code de la construction et de l’habitation impose des dispositions visant à limiter la propagation du feu entre logements et circulations communes. Par exemple, les portes palières doivent parfois être coupe-feu pour éviter que les fumées ne gagnent la cage d’escalier.
5.3 Code du travail
Dans les lieux de travail, l’employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de ses salariés. Le compartimentage figure ainsi souvent dans l’évaluation des risques professionnels et dans le document unique (DUER). Les services de prévention (Inspection du travail, assurance maladie) peuvent vérifier la conformité des installations coupe-feu.
5.4 Assurances et responsabilité civile
Les compagnies d’assurance exigent fréquemment que le bâtiment respecte les normes incendie en vigueur. En cas de sinistre, si les obligations réglementaires en matière de compartimentage n’ont pas été respectées, l’assureur peut refuser de couvrir tout ou partie des dommages.
6. Qui doit s’équiper ? Qui est responsable ?
6.1 Propriétaires d’immeubles et bailleurs
Le propriétaire d’un bâtiment a la responsabilité de veiller à sa conformité aux normes incendie. Dans le cadre d’un immeuble d’habitation (syndic de copropriété), cette responsabilité est partagée entre la copropriété pour les parties communes et les copropriétaires pour leurs lots. Pour un logement loué, le bailleur doit fournir un local répondant aux normes, y compris pour les éléments coupe-feu (portes d’entrée, séparation de la chaufferie, etc.).
6.2 Exploitants, chefs d’entreprise
Dans un local professionnel ou un ERP, c’est souvent l’exploitant (ou le chef d’entreprise) qui est tenu d’assurer la conformité, même s’il n’est pas propriétaire des murs. Les obligations peuvent être réparties par contrat, mais en pratique, l’exploitant est responsable de la sécurité de ses salariés et du public accueilli.
6.3 Locataires
Le locataire doit respecter le règlement intérieur et les normes de sécurité imposées par le bail ou la copropriété. Si des travaux de compartimentage sont requis, le locataire doit généralement en informer le propriétaire, qui demeure le principal responsable. Cependant, si le bail stipule que certaines obligations sont à la charge du locataire, ce dernier doit s’y conformer.
6.3 Locataires
En cas de litige ou de sinistre, l’assurance va vérifier la conformité du bâtiment. L’absence ou le non-entretien d’un dispositif de compartimentage peuvent avoir des conséquences financières lourdes. Par ailleurs, certaines polices d’assurance accordent des réductions de prime aux bâtiments équipés et correctement entretenus.

7. Installation et entretien du compartimentage
7.1 Étude préalable
La mise en place d’un système de compartimentage nécessite une étude technique préalable, afin de déterminer :
- Les zones à risques élevés ;
- Les chemins de fuite et issues de secours ;
- Le niveau de résistance au feu nécessaire (EI30, EI60, EI120, etc.) ;
- Les contraintes structurelles du bâtiment (murs porteurs, matériaux, disposition des circulations, etc.).
Faire appel à un installateur certifié, comme D-Sécurité Incendie, permet d’avoir la garantie d’une solution conforme aux normes et adaptée à votre configuration.
7.2 Sélection des matériaux et équipements
La qualité des matériaux est déterminante : tous les éléments coupe-feu (portes, cloisons, panneaux, etc.) doivent être certifiés et porter un marquage précisant leur performance (par exemple NF, CE, classe EI). Les fixations, joints, mousses et colliers coupe-feu doivent également être validés pour une utilisation dans des ouvrages de protection incendie.
7.3 Pose et mise en service
Une installation correcte implique de soigner les détails :
- Fermetures automatiques des portes coupe-feu ;
- Vérification des systèmes de détection et de déclenchement (alarmes, détecteurs, centrales) pour les rideaux et portes motorisés ;
- Calfeutrement systématique des passages de câbles et canalisations.
Une fois la pose terminée, il est indispensable de tester chaque élément pour s’assurer de sa bonne activation et de sa bonne étanchéité.
7.4 Maintenance et contrôles réguliers
Le compartimentage doit être entretenu pour garder son efficacité dans la durée :
- Vérification régulière des portes coupe-feu (ferme-portes, joints, etc.) ;
- Contrôle et nettoyage des clapets coupe-feu dans les conduits de ventilation ;
- Remplacement immédiat de tout élément endommagé (porte voilée, plaque cassée, joint usé).
Des contrôles périodiques peuvent être exigés par la réglementation ou recommandés par l’assurance. Par exemple, certaines réglementations imposent un contrôle semestriel ou annuel des portes coupe-feu dans les ERP. D-Sécurité Incendie peut proposer des contrats de maintenance adaptés à vos besoins, assurant ainsi la pérennité de votre dispositif.
8. Tableau récapitulatif des solutions de compartimentage
Pour vous aider à mieux visualiser les différentes options, voici un tableau synthétique présentant quelques solutions courantes de compartimentage, leurs avantages et leur usage privilégié :
Solution | Caractéristiques | Avantages | Domaines d’utilisation |
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Cloisons / murs coupe-feu | Réalisés en matériaux résistants (brique, béton, plaques ignifugées). Résistance variant de 30 à 120 min. |
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Portes coupe-feu | Portes battantes ou coulissantes avec ferme-porte automatique. Classement EI (30, 60, 90, etc.). |
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Rideaux / volets coupe-feu | Tissus techniques enroulables ou volets métalliques, descente automatique lors d’une alerte. |
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Clapets coupe-feu / trappes | Dispositifs intégrés dans les conduits ou faux plafonds, se ferment sous l’effet de la chaleur ou via une commande. |
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Calfeutrements coupe-feu | Mastic, mousse, plaques, colliers coupe-feu pour obturer les passages de câbles, tuyaux, etc. |
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En bref
Le compartimentage incendie est un pilier fondamental de la sécurité en bâtiment. Son rôle est de contenir la propagation d’un incendie à l’intérieur d’espaces délimités, offrant ainsi aux occupants un temps précieux pour évacuer et réduisant les risques de dégâts matériels.
Sa mise en œuvre requiert un savoir-faire technique et une connaissance approfondie des normes en vigueur. Les solutions de compartimentage sont variées : murs et cloisons coupe-feu, portes et rideaux coupe-feu, clapets dans les conduits de ventilation, calfeutrements autour des câblages, etc. Chacun de ces éléments contribue à réaliser une barrière efficace contre les flammes et la fumée, à condition d’être correctement posé et entretenu.
L’aspect réglementaire est incontournable : que vous soyez propriétaire d’un immeuble d’habitation, exploitant d’un établissement recevant du public, ou locataire d’un local professionnel, les obligations légales et les exigences des assurances imposent de respecter les normes de compartimentage. Dans certains cas, l’assurance peut refuser de vous couvrir en cas de sinistre si le bâtiment n’est pas conforme.
Pour réussir votre projet de compartimentage, il est fortement conseillé de faire appel à des professionnels compétents tels que D-Sécurité Incendie. Cela vous assurera un diagnostic précis, la sélection de produits certifiés et une installation dans les règles de l’art. Vous pourrez également bénéficier d’un contrat de maintenance pour garantir la pérennité de votre dispositif et la conformité à l’évolution des normes.
Le compartimentage est plus qu’un simple cloisonnement : c’est un bouclier précieux qui protège la vie, les biens et l’activité en cas de sinistre. Investir dans ce dispositif est une démarche responsable et rentable à long terme, car il réduit non seulement les risques de propagation, mais aussi les potentielles conséquences financières et humaines d’un incendie mal maîtrisé.